Le mystère se prolongeait. Je comprenais que je ne pouvais me contenter de l'aimer: il fallait aussi qu'elle m'aimât. Pourquoi? C'était comme ça.
Je la mis au courant en toute simplicité. Il était naturel que je doive l'informer:
—Il faut que tu m'aimes.
Elle daigna me regarder, mais c'était un regard dont je me serais passée. Elle eut un petit rire méprisant. Il était clair que je venais de dire une idiotie. Il fallait donc lui expliquer pourquoi ce n'en était pas une:
—Il faut que tu m'aimes parce que je t'aime. Tu comprends?
Il me semblait qu'avec ce supplément de données tout rentrerait dans l'ordre. Mais Elena se mit à rire plus fort.
Je ressentis une blessure confuse.
—Pourquoi tu rigoles?
D'une voix sobre, hautaine et amusée, elle répondit:
—Parce que tu es bête.
Ainsi fut accueillie ma première déclaration d'amour.
Le sabotage amoureux, Amélie Nothomb