"Caelum non animum mutant qui trans mare currunt"

29 de noviembre de 2011

▪ Je n'ai jamais su...



Dans chaque seconde il y a un roman complet, avec son début et sa fin, avec tous ses enchaînements de causes et de conséquences et ses infinies dimensions horizontales et verticales. Mais ce qu’il m’en reste maintenant c’est cela, à peine une trace, un parfum sensible de la largeur de ce corps, le poids de ce volume charnel et l’espèce de moiteur de la peau, les fins cheveux blonds que je caressais sur son épaule, l’impressions de pouvoir toujours tout comprendre des êtres comme moi à la recherche de la lumière, et l’impression aussi que cette lumière je ne peux pas la donner parce que je ne l’ai pas en moi, ni la lumière, ni la paix, ni l’amour, et aussi cette brisure, ce quelque chose de cassé dans les profondeurs, comme une mort douloureuse constituée de mille petits détails, une mort bien à moi et par laquelle je devais nécessairement passer, je devrai encore passer, boire jusqu’au bout, jusqu’à la lie. Je n’ai pas su aimer, je n’ai jamais su aimer, et il faut qu’on m’apprenne en m’enfonçant la tête dedans de force, regarde, sens, hume ton malheur, ton désespoir, comprends-tu pourquoi tu souffres? Regarde encore, étouffe encore, encore plus, tu n’as jamais aimé que ça, toi, un mirage.

Voyage en Irlande avec un parapluie, Louis Gauthier


 

26 de noviembre de 2011

▪ Unresponsive, so...?

 
 
ENCHAÎNEMENT II
 
C’est ça. Je peux te dire n’importe quoi et c’est toujours la même chose, tu t’en fous, tu ris et c’est tout, le silence, pas de réponse, mais c’est parfait, c’est correct, parce que je sais, chu qu’un con, un con qui rêve à des choses impossibles, des choses qui vont jamais exister, fèque c’est bon si tu restes en silence, si tu ris pis tu dis rien, si tu réponds pas ou si tu changes de sujet, c’est bon, c’est correct, c’est pas grave, parce qu’y faut que je comprenne d’une façon ou d’une autre. J’aimerais tellement que tu sois clair, que tu me dise ce que tu penses, mais non, y faut deviner tout à cause du silence, et même s'y a des choses, des signes, qui me font penser que toi aussi tu sens comme moi, le silence est trop lourd et l’absence de réponse m’oblige à penser que chu fou, que chu trompé, que c’est de la fiction, qu’y a rien de vrai au fond, que j’imagine tout et que, même si des fois je sens une approximation, c’est à cause d’autres raisons, pas comme je le sens, on cherche pas la même chose, et c’est tellement décourageant, parce qu’on arrive à un point où on est tanné d’essayer encore et encore et finalement on ne fait que commencer à penser que ça vaut pas la peine, fèque on se demande s’il faudrait oublier… Et moi, je sais pas. Et toi, tu dis rien. Alors, je me dis qu’y faut se rappeler pour toujours de tout ce qu’on a partagé parce que ça me rend heureux, bien sûr, mais au même temps y faut oublier parce que c’est pas bon d’être la seule personne à s'en rappeler pis penser pis rêver pis attendre en vain pis avoir de l’espoir pis n’arriver à rien pis n’écouter que le silence, fèque y faut oublier et accepter qu’y aura jamais de réponse et y faut se convaincre que c’est pas grave, que c’est mon vieux ami, le silence, qui arrive à nouveau, et que rien va changer, la solitude, tout va rester comme ça, et c’est pas grave, on l’a déjà vecu, on va pas mourir à cause de cette tourmente, non. Y faut oublier. C’est ça.
      
(2011)
   
 
     

23 de noviembre de 2011

▪ Venerable and Laughable



It was a disguise; it was the refuge of a man afraid to own his own feelings, who could not say, This is what I like—this is what I am; and rather pitiable and distasteful to William Bankes and Lily Briscoe, who wondered why such concealments should be necessary; why he needed always praise; why so brave a man in thought should be so timid in life; how strangely he was venerable and laughable at one and the same time.

To the Lighthouse, Virginia Woolf






 

21 de noviembre de 2011

▪ Le grand malheur de t'avoir perdu

 
 
Nostalgie et poésie et encore: cela pourrait revivre par l'imagination et s'enflammer, donnez-moi deux verres de gin, ou deux Guinness, et je m'en rappellerai des souvenirs de bar où tu chantais (...) et moi, assis près du piano, je riais parce que tu m'aimais, parce que j'étais en amour avec la chanteuse comme dans les vues, mais je n'avais pas prévu la fin du film, bien qu'elle fût aussi évidente que dans n'importe quel mauvais scénario: l'écrivain et la chanteuse, l'amour fou, le champagne, les exigences des contrats, les petits chicanes de ménage, les scènes de jalousie, la boîte à musique qui se brise, (...) mais moi je n'ai rien compris, j'ai juste envie de me saouler la gueule et les bars sont fermés à cette heure-ci, alors je bois son maudit thé à défaut d'autre chose, pour boire, en attendant, en rêvant à l'ivresse, parce que j'ai soif, et plus le film avance plus j'ai soif, et finalement au lieu de aller me coucher bien saoul et heureux comme un bon écrivain, je passe la nuit les yeux grands ouverts à écouter les maudites cloches de cette maudite église historique qui sonnent les heures et les demi-heures, en attendant que le jour se lève, en pensant à toi, toujours à toi, et au malheur, au grand malheur de t'avoir perdu, pour toujours, car cela au moins je peux compter là-dessus pour toujours.


Voyage en Irlande avec un parapluie, Louis Gauthier

 
 

4 de noviembre de 2011

▪ Decipherable (at last)



Fue tan, tan lindo. Y totalmente inesperado. La situación me tomó por sorpresa. Pensé que me iba a ir sin terminar de entender, lleno de dudas e hipótesis, con cierta tristeza en el corazón, dejando atrás el columpio inerte, oxidado. Pero no. Me fui feliz, contento, lleno de alegría, gracias a esos últimos minutos (¿de magia de navidad? Mets-en!). Esos últimos minutos fueron únicos. Finalmente entendí. Justo en el último vaivén del columpio el rostro me habló. Habló sin palabras, pero su mensaje fue absolutamente claro. Y aprendí que a veces, en algunas situaciones, las palabras no son necesarias si hay ojos profundos que te miran, manos suaves que te acarician y un corazón que late al lado tuyo. Y en esos últimos minutos comprendí que sí. Que no era el único. Que él también. Que los dos. Que a pesar de la situación, de todos modos. Comprendí que los sentimientos. Que el cariño. Que no depende de otras cosas. Que no importa si. Que la pureza interior. Que la sencillez. Y que su corazón también late; lo pude escuchar. Porque si uno se pone a pensar, ¿a cuántas personas, a lo largo de la vida, les sentimos el latido del corazón? A muy pocas. Hay que estar muy cerca, en todo sentido, para poder escucharlo. Y entonces ya no había ninguna duda, el mensaje era claro y evidente. No estaba equivocado. Mis presentimientos eran verdad. Tenía razón. Quedó claro, a partir de ese momento, que ninguno iba a olvidar nada. Que siempre íbamos a recordar todo, los dos. Y eso me bastó para ser feliz, para irme contento, para que no me importara caminar bajo la lluvia, para llorar de felicidad, para sentirme pleno, para saber con certeza que pronto, algún día, de nuevo, nos vamos a volver a ver…

(2011)



 

2 de noviembre de 2011

▪ Letting Go



PARA TODOS

De pronto no puedo decirte
lo que yo te debo decir,
hombre, perdóname, sabrás
que aunque no escuches mis palabras
no me eché a llorar ni a dormir
y que contigo estoy sin verte
desde hace tiempo y hasta el fin.

Yo comprendo que muchos piensen,
y qué hace Pablo? Estoy aquí.
Si me buscas en esta calle
me encontrarás con mi violín
preparado para cantar
y para morir.

No es cuestión de dejar a nadie
ni menos a aquellos, ni a ti,
y si escuchas bien, en la lluvia,
podrás oír
que vuelvo y voy y me detengo.
Y sabes que debo partir.

Si no se saben mis palabras
no dudes que soy el que fui.
No hay silencio que no termine.
Cuando llegue el momento, espérame,
y que sepan todos que llego
a la calle, con mi violín.


Pablo Neruda