"Caelum non animum mutant qui trans mare currunt"

5 de octubre de 2012

▪ Bodiless Existence

 
 
PARFOIS

Quel plaisir d'être parfois sans corps, tout intelligence, tout esprit. Oui sans corps: sans ce moteur qui s'emballe, s'éteint, s'encrasse. Juste l'air, le souffle de la grande langue qui vous soulève, vous embrasse partout parce qu'en fin vous n'avez plus de corps, qu'il ne compte plus. Vous êtes ravi: comme cela est bon. Ni migraines ni excitations, ni soupir ni halètements, rien, absolument rien, ou si vous voulez une étincelle, une mouche à feu, petite lumière verte, jet lent de votre esprit, de la grande langue dans laquelle vous baignez enfin inconnu. Vous n'êtes ni gros ni maigre, vos boutons sont invisibles, vos seins, vos sexes ne sont plus tendus dans le vide, rien je vous dit, rien d'autre que la grande langue dans laquelle vous êtes, son discours est net, cela vous lave partout; solide le pont des phrases, pleins de cadeaux, le monde n'est plus le même, vous êtes transfiguré, votre raison repose sous un pommier en fleur.

L'Atelier du matin, Philippe Haeck
  
  
 

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