"Caelum non animum mutant qui trans mare currunt"

21 de noviembre de 2011

▪ Le grand malheur de t'avoir perdu

 
 
Nostalgie et poésie et encore: cela pourrait revivre par l'imagination et s'enflammer, donnez-moi deux verres de gin, ou deux Guinness, et je m'en rappellerai des souvenirs de bar où tu chantais (...) et moi, assis près du piano, je riais parce que tu m'aimais, parce que j'étais en amour avec la chanteuse comme dans les vues, mais je n'avais pas prévu la fin du film, bien qu'elle fût aussi évidente que dans n'importe quel mauvais scénario: l'écrivain et la chanteuse, l'amour fou, le champagne, les exigences des contrats, les petits chicanes de ménage, les scènes de jalousie, la boîte à musique qui se brise, (...) mais moi je n'ai rien compris, j'ai juste envie de me saouler la gueule et les bars sont fermés à cette heure-ci, alors je bois son maudit thé à défaut d'autre chose, pour boire, en attendant, en rêvant à l'ivresse, parce que j'ai soif, et plus le film avance plus j'ai soif, et finalement au lieu de aller me coucher bien saoul et heureux comme un bon écrivain, je passe la nuit les yeux grands ouverts à écouter les maudites cloches de cette maudite église historique qui sonnent les heures et les demi-heures, en attendant que le jour se lève, en pensant à toi, toujours à toi, et au malheur, au grand malheur de t'avoir perdu, pour toujours, car cela au moins je peux compter là-dessus pour toujours.


Voyage en Irlande avec un parapluie, Louis Gauthier

 
 

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